Actualités > Apprendre de chaque évènement pour devenir résilient
Actualités > Apprendre de chaque évènement pour devenir résilient
Interview de Thomas BIENDEL, directeur du département Hydrologie de Luxplan, membre de LSC Engineering Group.
Notre département s’intéresse à tout ce qui touche aux sciences de l’eau, en particulier à l’assainissement et à l’eau potable – deux volets qui sont liés à la construction -, ainsi qu’aux cours d’eau – mesures anti-crues, protection de la population contre les inondations, renaturation, etc. – volet qui est principalement lié à l’environnement.
Nous travaillons sur deux grandes thématiques : la mise à jour des réseaux et infrastructures existants pour suivre la croissance démographique du pays et la construction d’infrastructures dans le cadre du développement de nouveaux quartiers.
Nous sommes en mesure de réaliser un projet de A à Z, depuis la conception jusqu’à la réception clé en main, y compris calcul hydraulique, dimensionnement, conception et exécution, suivi de chantier, assistance technique etc.
Lors des évènements climatiques de juillet 2021, les assureurs luxembourgeois ont enregistré plus de 100 millions d’euros de dégâts en moins de 24 heures. Et ce type d’évènement va se répéter dans les années à venir. Il y a donc une première problématique quantitative.
Sur cet aspect quantitatif, il y a d’abord un travail de fond à réaliser en termes de pédagogie et de compréhension de ce qui s’est passé pour pouvoir orienter nos clients vers des solutions novatrices et adaptées aux défis de demain, tel que le changement climatique qui génère des pluies moins fréquentes mais plus fortes, alternant des périodes de sécheresse.
En parallèle, il y a une phase d’action. Il faudra s’assurer que les éléments que nous construisons peuvent résister à des pluies cataclysmiques. Les précipitations peuvent être tellement fortes et subites que l’eau ne peut pas entrer dans le réseau d’assainissement et elle reste en surface.
Il faut donc réfléchir les aménagements extérieurs en conséquence lors de la création de nouveaux quartiers ou la transformation de quartiers existants : réduire les surfaces scellées, placer les bâtiments à risques et leurs entrées judicieusement par rapport à la topographie et aux axes d’écoulement préférentiels, ne pas placer les installations techniques des bâtiments dans des sous-sols ou rez-de-chaussée à risques. Ce sont des détails qui feront la différence entre une ville ou un quartier qui résiste à ce type d’évènements et un quartier qui ne résiste pas.
Il faut savoir qu’il y a des zones à risques, il faut informer les acquéreurs de ces risques mais aussi leur démontrer que tout a été mis en œuvre pour les limiter et pour que les populations et les biens soient protégés. Prenons l’exemple du Japon : il y a une culture du risque. On accepte l’idée qu’il y ait plusieurs séismes chaque année et la population comme les infrastructures y sont préparées et y font face. C’est ainsi que l’on acquiert une résilience. On apprend de chaque évènement et on progresse. Au Luxembourg, pour être résilients, nous arrivons à un point où il faut penser différemment notre manière d’envisager le développement urbain. Notre rôle est donc d’agir à travers nos projets et ensemble avec nos clients de développer cette résilience.
La seconde problématique est l’aspect qualitatif des eaux qui nécessiteraient, pour certaines d’entre elles, un traitement, même léger, avant rejet dans le cours d’eau récepteur. Des solutions simples et basées sur la nature existent pour ce faire (gestion à ciel ouvert, plantations, décantation, filtration etc.).
Oui, et ces données sont publiques sur le Géoportail. Elles sont même officielles et opposables pour ce qui est des zones inondables (zones dans les lits majeurs des cours d’eau principaux du pays). Il existe également un Atlas des Pluies Torrentielles, visant à informer sur les risques de ruissellement intense en cas de forte pluie. C’est un outil de sensibilisation et il permet la planification des infrastructures et bâtiments en bon père de famille.
Certaines personnes sont plus sensibles que d’autres à ces facteurs. C’est aussi une question de mémoire. Typiquement, pendant l’année qui a suivi les évènements de juillet 2021, nous étions dans l’actionnisme pur : il fallait construire des barrages, des canalisations, etc. En 2022 et 2023, années où il n’y a eu (pour le moment) aucun événement de ce type, la demande a diminué. Nous avons réalisé des études, obtenu des résultats, proposé des mesures de protection mais ces études n’ont pas toujours été suivies d’effets, alors que nous devrions rester en alerte sur ces sujets.
La directive-cadre européenne sur l’eau, parue en 2000, imposait qu’en 2015, tous les cours d’eau d’Europe soient en bon état écologique. Cet objectif n’a pas été atteint et au-delà de cela, aucun cours d’eau n’est en bon état écologique au Luxembourg en 2023. Pour qualifier l’état de nos cours d’eau, la directive se base sur quatre critères : biologique, chimique, physique et physico-chimique, qui visent à déterminer si l’eau est de bonne qualité, si le milieu est sain, si les espèces présentes dans le cours d’eau sont représentatives de l’écosystème théorique du milieu. Il y a des classes, mauvais, médiocre, moyen, bon et très bon, le critère le moins bon des quatre étant celui qui définit la note finale.
L’objectif du pays est bien sûr d’améliorer l’état des masses d’eau, d’ici 2027. Plusieurs actions en parallèle sont à mener : améliorer la qualité des eaux (stations d’épuration, bassins d’orage, pollutions industrielles et agricoles diffuses…) et améliorer la qualité du milieu (renaturation, ripisylves, suppression d’obstacles…). Cela fait plus de 20 ans que nous accompagnons nos clients, tels que les communes, les syndicats et les administrations étatiques sur ces sujets pour atteindre ces objectifs.
Rédaction : Mélanie Trélat – Neomag
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